Établie dans le Meetjesland, l’entreprise agricole Loonwerken De Bruyne doit sa réputation au fait qu’elle conçoit et construit ses propres machines uniques. Cette année, c’est un Vervaet Hydro Trike sur chenilles transformé qui a quitté les ateliers au sortir de l’hiver. Mais un engin tout à fait unique avait déjà fait son apparition lors de l’hiver 2018-2019 : une Claas Jaguar 980 Field Shuttle. La machine est actuellement utilisée par De Bruyne pour pas moins de cinq cultures, dont l’ensilage de plantes complètes constitue la plus récente. C’est pour cela que la Jaguar a été équipée d’un bec Claas V750. Avec cette barre de coupe large de 7,50 mètre, la machine avale plusieurs hectares de froment par heure. Un véritable monstre.
Près de 40 années d’ensilage avec une trémie
C’est en 1983 que Marc de Bruyne crée avec Philip de Bruyne l’entreprise agricole De Bruyne. Dès les débuts, nos deux complices utilisent une ensileuse à trémie Field Queen. On croise rapidement aux quatre coins du Meetjesland cet engin qui récolte la moisson dans une trémie à vidange latérale. Conquise par le concept de la Field Queen, l’entreprise va ensuite acheter en l’espace de 20 ans quatre Hesston Jumbo 7730 à une trémie. C’est en 2002 que la toute première Claas Jaguar 900 Field Shuttle fait son apparition, suivie quatre ans plus tard par une autre Field Shuttle de Claas. Puis Claas interrompt la production de la célèbre Field Shuttle il y a quelques temps. Quand une des deux Field Shuttles brûle partiellement en 2018, l’entreprise ne voit qu’une solution : concevoir elle-même sa remplaçante.
Les avantages d’une ensileuse à trémie
Le sinistre de la Field Shuttle de Marc et Philip s’est produit en pleine récolte de miscanthus (ou herbe à éléphants). À quelques semaines à peine du début de la fenaison, l’entreprise choisit d’acheter un Claas Jaguar 980 disponible en stock chez un concessionnaire. Une chance que ce dernier puisse servir son client pendant la période la plus intensive du printemps. « Avec une ensileuse classique, il faut suivre de près la benne d’ensilage. Cela nécessite beaucoup plus d’énergie que d’envoyer directement la récolte dans une trémie », nous explique Marc. En rentrant le soir à la maison, il se sent dès lors plus fatigué qu’après une journée de travail avec l’ensileuse à trémie. Avec une ensileuse classique, il est en outre impossible de travailler sans benne d’ensilage à côté. La machine est donc souvent à l’arrêt ou doit attendre que le tracteur et sa benne se remettent en ligne pour entamer une nouvelle ligne de récolte. « Avec une ensileuse à trémie, on peut entamer directement une parcelle sans devoir attendre de personne. » Et lorsque la terre est mouillée, l’entrepreneur agricole peut vidanger sa trémie sans que les tracteurs ne doivent pénétrer sur le champ. Les routes sont ainsi beaucoup plus propres.
Basée sur une ancienne machine
Trouver les plans permettant de réaliser une ensileuse à trémie n’est pas une sinécure : il a donc fallu commencer par examiner les anciennes machines. En partant de l’ancienne ensileuse sinistrée, Philip va concevoir une nouvelle trémie offrant une capacité de 50 m³, l’équivalent du nouveau Jaguar. Il suffit d’ailleurs de trente secondes pour vidanger ces 50 m³. Une fois la trémie conçue, l’essieu arrière de la Claas Jaguar 980 est déposé et remplacé par un accouplement mécanique actionné par deux cylindres. La trémie est commandée depuis l’ensileuse avec un second joystick via un réseau CanBus. Il faut en effet que les roues avant de la Jaguar soient parfaitement synchronisées avec les quatre roues motrices de la trémie. Les roues de l’ensileuse à trémie peuvent également être configurées en crabe pour faciliter la vidange de la trémie. Cet ensemble – ainsi que le circuit hydraulique – a été conçu en collaboration avec lmb Buysse. Pour finir, un tapis de déchargement doté de huit chaînes au lieu de quatre sur la Jaguar 900 a été prévu.
Utilisable pour toutes les récoltes
Sur le terrain, l’entreprise prouve qu’une ensileuse à trémie n’a rien à envier à une machine classique. La machine étant moins souvent à l’arrêt, l’ensilage peut se faire sur un rythme moins élevée et les bennes d’ensilage être remplies plus efficacement. Le remplissage des bennes se fait en roulant, pendant le travail, ce qui évite les arrêts de l’engin. Et la présence de la trémie permet de réduire au minimum la perte de récolte à l’ouverture d’une parcelle. « La goulotte d’éjection est toujours orientée dans la bonne direction », sourit Marc. Cela se remarque surtout pendant l’ensilage d’épis de maïs. « Lorsque nous faisons demi-tour en tournière, la Jaguar continue d’envoyer le produit dans le Fieldshuttle. Il n’y a tout simplement pas de pertes. » L’entreprise utilise l’engin toute l’année pour pas moins de cinq cultures différentes : herbe à éléphant, herbe, ensilage de plantes complètes, maïs et ensilage d’épis de maïs.