Rencontre avec Fred van der Eijk, Kemper

«Les becs à maïs deviennent plus larges pour gagner en capacité»

sized_FREDLors du salon Agritechnica en novembre dernier, le bec à maïs à 20 rangs du constructeur Kemper n’est pas passé inaperçu. Outre les becs à maïs d’une grande technicité, Kemper construit également des ramasseurs d’herbe, des cueilleurs d’épis et des ensileuses traînées de différentes largeurs.

L’usine fondée en 1908 par Wilhelm Kemper est implantée dans la ville allemande de Stadtlohn, occupe aujourd’hui près de 350 salariés. De fonderie à ses débuts, cet atelier allait devenir à partir de 1950 une unité de production d’épandeurs d’engrais et, trente ans plus tard, de becs à maïs. L’évolution des becs à maïs mécaniques à des becs indépendants des rangs a fortement contribué à la notoriété de Kemper, à tel point que le multinationale John Deere racheta l’usine en 1997.
Entreprise Agricole a voulu en savoir plus sur ce nouveau bec à maïs et s’est entretenu avec Fred van der Eijk, actif depuis une bonne dizaine d’années sur les marchés internationaux, ce qui lui a permis de sillonner la terre entière en quête d’acheteurs.

  • Kemper a conçu un modèle d’étude pour 2020. Dans quel but?

«Le but de cette initiative est d’attirer l’attention sur les becs cueilleurs et de nous informer auprès de notre clientèle sur leurs besoins en largeurs de 15 mètres. Rappelons que Kemper est actif dans le maïs depuis 1967 et est constamment à l’écoute de ses clients. Ce n’est un secret pour personne: les entrepreneurs sont à la recherche de davantage de capacité et de machines plus légères. Nous avons déjà testé avec succès le bec à maïs à 20 rangs sur le terrain. Nous avons renforcé les cylindres de relevage, le bec cueilleur et avons installé des roues de soutien pour un meilleur suivi du sol. Nous voyons que les ensileuses gagnent en puissance et nous devons suivre cette évolution. Pour autant, il faudra encore quelque temps avant que nous lancions la production du bec à maïs à 20 rangs. Entre la largeur actuelle de 12 mètres et la largeur future de 15 mètres, il pourrait y avoir des largeurs intermédiaires. Le bec à maïs à 20 rangs s’avère très intéressant pour l’approvisionnement des installations de biogaz. Kemper dispose de la technique et du savoir-faire et veut donc mettre en évidence ce nouveau développement. Nous sommes prêts pour ces ensileuses plus grandes et modulaires. Kemper se montre très flexible puisque les mêmes composants qui entrent dans la fabrication des becs à maïs à 8, 10 ou 12 rangs servent également dans la construction du bec à 20 rangs.»

  • Les ensileuses du futur seront-elles plus larges ou plus rapides?

«Je pense qu’à l’avenir l’augmentation de la capacité passera par l’élargissement des becs à maïs. L’expérience nous apprend que les entrepreneurs n’ont pas de problèmes avec les grandes largeurs lorsque la vitesse d’ensilage est de 5 à 6 km/heure. En revanche, si la vitesse d’ensilage augmente à 8 ou 9 km/heure, les conséquences néfastes se font sentir et le chauffeur doit se montrer extrêmement vigilant sur sa façon de rouler. Par ailleurs, le chargement de la remorque devient compliqué et, en aval du chantier, la personne chargée de la confection du silo a du mal à suivre le rythme de l’amont.»

  • Les ensileuses sont de plus en plus puissantes. Cela se répercute-t-il sur le bec à maïs?

sized_360PLUS«Lorsqu’on travaille avec une ensileuse puissante équipée d’un bec à maïs sous-dimensionné, la qualité de l’ensilage s’en ressent: comme le canal d’ensilage est insuffisamment rempli, la matière n’est pas transférée de manière compacte vers l’unité de hachage. La conséquence, c’est que le maïs n’est pas haché de manière homogène. Autrement dit, la puissance de l’ensileuse et la largeur du bec à maïs doivent être en équilibre. Une ensileuse puissante ne peut être munie d’un bec à maïs à 6 rangs. Le but recherché est d’obtenir la meilleure qualité possible. Pour cela, il faut que le canal soit suffisamment dimensionné pour favoriser un flux uniforme de la matière végétale.»

  • Le gabarit des ensileuses actuelles n’est-il pas préjudiciable au sol?

«Dans certains cas, oui. Dans des sols meubles, on peut passer au travers. L’entrepreneur doit réfléchir à la largeur de travail la mieux adaptée. Son choix sera fonction de la taille de la parcelle, de la quantité d’hectares à ensiler et de la portance du sol. Mais n’oublions pas que les agriculteurs ont également voix au chapitre. Souvent, ils préfèrent ne pas voir arriver une trop grosse ensileuse sur leurs terres. En fin de compte, c’est celui qui tasse et confectionne le silo qui déterminera la vitesse des engins. La tendance pour les années à venir est à un bec plus large, mais aussi plus léger. Le bec à maïs actuel à 8 rangs, de type 360 Plus, pèse environ 400 kg de moins que le modèle précédent. Nous vendons de plus en plus de becs à 10 rangs et nous voyons que les 12 rangs commencent à intéresser des entrepreneurs. Ce que je vais dire peut sembler contradictoire: des becs à maïs plus grands ont également leur avantage sur des petites parcelles. En effet, en ouverture de parcelle, ils permettent de créer plus d’espace pour la remorque d’ensilage.»

  • Pourquoi Kemper propose-t-il des petits ou des grands tambours dans le bec à maïs?

sized_GROTE TROMMELS«Le choix revient à l’entrepreneur, notre objectif étant de proposer la meilleure solution aux besoins de chacun. En règle générale, nous vendons davantage de petits becs à maïs à notre clientèle belge. Les entrepreneurs apprécient la meilleure visibilité sur la voie publique et les faibles charges sur les essieux. Mais il y a également des clients qui optent pour un plus grand tambour dont ils apprécient la stabilité. Ils s’attardent moins à la charge qui s’exerce sur les essieux. Les grands tambours ont été conçus initialement pour la récolte de maïs très longs qu’on trouve dans l’ouest des Etats-Unis. Les grands tambours ont l’avantage de mieux soutenir les tiges pendant leur amenée dans l’ensileuse.»

  • A quoi ressemblera le bec à maïs du futur?

«La construction compacte, la résistance à l’usure et le poids spécifique peu élevé seront des critères décisifs. Je crois que les dispositifs avec chaîne sont amenés à disparaître. D’autre part, la polyvalence des becs gagnera en importance. Outre le maïs, le bec devra pouvoir être utilisé pour d’autres cultures. Un autre aspect à garder à l’esprit est la réglementation de plus en plus stricte du transport sur la voie publique. Nous privilégions cet élément en proposant une roue de transport à monter sur les becs à 8, 10 et 12 rangs.»

  • Les becs à maïs Kemper sont réputés également pour leur valeur de revente. A quoi l’attribuez-vous?

sized_GRAS-PICKUPS«La longévité de nos becs est due à une usure minimale et à la facilité d’entretien et ce même après de longues années de service intensif. Les pièces d’usure sont faciles à remplacer ou à remettre en état. La valeur de revente importante est par ailleurs favorisée par la forte demande d’acheteurs en Europe de l’Est où les ensileuses de seconde main avec un bec Kemper sont fort prisées. On sait que les liquides agressifs contenus dans le maïs ont un effet néfaste sur la peinture. Aussi Kemper a-t-il investi il y a une douzaine d’années dans une nouvelle installation de peinture. Dans ce tunnel de laquage, chaque pièce est traitée au moyen d’une couche de fond sur laquelle vient ensuite une couche de laquage par poudre. Cette dernière résiste très bien aux agressions des sucs de maïs. Je rappelle que Kemper est leader de marché et qu’il fournit ses becs à maïs aux grands constructeurs que sont Claas, New Holland, Krone, Fendt et John Deere. Les multiples possibilités de montage des becs à maïs Kemper, sized_CONTROLEassociées à la notoriété de la marque, en font une valeur sûre sur le marché. Un autre élément qui explique l’importante valeur de revente, ce sont les possibilités que les becs offrent en matière d’ensilage plante entière, pour le miscanthus, le coton, etc.