Les importateurs et distributeurs de machines agricoles sont un groupe non négligeable au sein des employeurs. Il n’est toutefois pas évident de trouver du bon personnel. Dans les formations de technicien également, il y a des choses qui ne sont pas au point. Entreprise Agricole a parlé avec Hans De Muynck, distributeur Fendt. Hans et Jos Lowette était responsable pour l’île Workshop Live à l’occasion d’Agribex 2017.

Avec ses deux frères, Hans a repris l’entreprise de son père à la fin des années 80. L’entreprise existe depuis 65 ans déjà. En 1954, le père de Hans vendait son premier Fendt. Aujourd’hui, l’entreprise est le plus ancien distributeur Fendt actif en Belgique. Avec des sièges à Aalter et Zwalm ainsi qu’un grand nombre de clients, il est crucial de pouvoir compter sur du bon personnel. Ce n’est toutefois pas une sinécure de trouver du personnel bien qualifié !

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LW: Hans, tu es actif au sein de Fedagrim en tant que distributeur. Quel est ton rôle au sein de cette organisation ?

Hans De Muynck : “je fais partie du ‘Groupe 4’, le groupe de distributeurs chez Fedagrim. De plus, je suis également actif au sein du groupe de travail “Xebirga”, qui s’occupe des innovations, des changements et de l’évolution d’Agribex. Nous développons des idées pour faire croître le secteur, choisir de nouvelles voies et en devenir meilleurs. Au sein de ce groupe de travail, Jos Lowette et moi-même sommes responsable pour l’île thématique “Workshop Live”.

EA : Vous distribuez un programme étendu de grandes marques. Combien de personnes travaillent pour De Muynck ?
HDM
:
“Mon équipe se compose de 9 personnes fixes. J’aurais besoin de 11 personnes, mais la recherche de personnel ne se passe pas trop bien. Les offres d’emploi sont publiées il y a déjà plus de 6 mois !”

EA : Quel est le problème ?
 HDM : “Le secteur n’est pas attrayant pour les gens qui ne le connaissent pas. D’un côté, on a une réputation de “paysan” : du travail sale et lourd. De l’autre, l’image de la mécanisation agricole présentée aux jeunes pendant leurs formations n’est pas correcte. Quand on compare les secteurs automobiles ou de camions, le nôtre est beaucoup plus avancé sur le plan technologique. Mais on n’arrive pas à se débarrasser de l’image d’une réparation qui se fait en tapant un marteau sur une plaque. L’idée que le travail est “sale” est également persistante. C’est vrai que les tracteurs peuvent être couverts de boue. Mais ils sont nettoyés professionnellement avant de passer à la réparation. L’utilisation de technologie moderne est totalement inconnue. Les moteurs de tracteurs et de camions ou de voitures sont les mêmes, mais nos boîtes de vitesse (variables) sont plus modernes que celles dans les camions. La plupart des élèves n’est même pas au courant qu’il existe autant d’applications de gps, de caméras et d’électronique. Pendant les formations dans notre secteur, on travaille souvent avec du matériel ancien. On utilise le même moteur, la même transmission depuis des années.”

EA : y a-t-il des formations spécifiques pour la mécanisation agricole en Belgique ? “(la haute école) Thomas Moore de Geel propose une très bonne formation en mécanisation agricole, l’une des rares à être bien équipée. Le PCLT de Roeselare propose également une formation depuis peu. Il s’agit de formations au niveau des hautes écoles. Aucune formation comparable n’est proposée en secondaire. Dans les Pays-Bas, où l’éducation est organisée différemment, il y a beaucoup plus de formations en mécanisation agricole où la théorie est combinée à des stages depuis le début. Sur ce domaine, la Belgique a encore bien du travail.”

EA : Sentez-vous la compétition des secteurs automobile ou de
camions ?
 HDM : “Ça va encore. Il y a peu de gens qui commencent chez nous, reçoivent une formation et partent ensuite. Il y en a toujours, mais pas au point de parler d’une tendance. Les mécaniciens qui ont suivi une formation dans notre secteur sont excellent dans leur travail. Leurs connaissances technologiques sont beaucoup plus élevées que dans les autres secteurs. L’avantage chez nous est que le travail varie constamment et qu’on est en contact direct avec l’agriculture. Qu’il s’agisse de la préparation de tracteurs avant la livraison, de l’entretien d’un ancien tracteur, de se rendre au champ pour un dépannage ou pour démarrer une nouvelle machine. Nous vivons aussi en suivant les saisons. C’est un aspect que l’on voit beaucoup moins dans les autres secteurs.
Je remarque aussi que les rémunérations sont plus élevées dans notre secteur par rapport à, par exemple, certains garages ou vendeurs de camions.”

EA : as-tu une idée du nombre de postes vacants dans le secteur ?
HDM :
“la dernière fois que j’ai posé la question, environ 70% de mes collègues étaient à la recherche d’un ou de plusieurs mécaniciens. Mais le personnel ne manque pas seulement dans les ateliers. Il y a aussi des postes vacants pour des magasiniers. Et, quand on regarde plus loin, on constate que beaucoup d’entrepreneurs de travaux agricoles cherchent un mécanicien fixe pour leurs entreprises et que beaucoup de places de chauffeur restent vacantes.”

EA : le “Workshop Live” a été organisé à l’occasion d’Agribex. Comment cette initiative est-elle arrivée ? HDM : “Je visite régulièrement des salons à l’étranger. J’ai vu le “Werkstatt Live”, où les visiteurs pouvaient travailler sur des machines, à Agritechnica. J’ai ensuite proposé l’idée au groupe de travail XEBIRGA. Nous avons proposé l’idée pour la première fois à l’occasion d’Agritechnica 2015. Nous sommes partis à la recherche de partenaires, comme la haute école Thomas Moore de Geel, pour la Flandre, et l’Institut Provincial de La Reid en Wallonie ; mais nous avons également fait appel à des producteurs d’outils comme Kramp et Granit et aux importateurs et fabricants de machines afin de mettre du matériel à disposition. FEDAGRIM soutient l’aspect financier du workshop et nous en sommes très reconnaissants !”

EA : Recevez-vous des réactions après un workshop ? “Selon ce qui revenait vers nous via les écoles, le workshop a tout de même donné de nouveaux élèves provenant tant du secteur que de personnes qui ne le connaissaient pas. Les différentes écoles d’agriculture et d’horticulture ont répondu présent pour le salon. Il faudrait encore convaincre les écoles techniques de passer nous rendre visite. Nous nous concentrons sur les 14-15 ans qui doivent bientôt choisir leur direction.”

EA : Comment se présente l’avenir du Workshop Live ? HDW : On ne compte pas appliquer trop de changements. Le plus important est d’atteindre encore plus de gens à l’avenir, afin d’obtenir encore plus d’intéressés pour les formations dans le secteur et donc plus de personnes prêtes à travailler chez les entreprises de distributeurs. C’est pour cela que je voudrais plus me concentrer sur les autres formations techniques.”

EA : Rendez-vous en 2019 !