La silphie est une plante pérenne qui reste en place de manière permanente après son implantation. Il s’agit d’une Asteraceae qui peut être utilisée comme fourrage ou être valorisée en méthanisation. Votre rédaction a aussi eu l’occasion de discuter avec Amédée Perrein qui est précurseur de la culture en France et le fournisseur exclusif de la Silphie Abica Perfo en France et à l’international. En Belgique, c’est Nicolas Havelange qui commercialise les semences de cette nouvelle culture.

L’implantation de la silphie

L’implantation se réalise par un semis avec un semoir monograine de précision. Lors des deux premières années après le semis, la plante ne se développe pas fortement. Ce n’est que 1,5 à deux ans après le semis que les premières récoltes peuvent être effectuées. Pour éviter de perdre une saison culturale, il est possible de semer de la silphie en inter-culture dans du maïs. Selon le type de sol, la végétation peut atteindre une hauteur comprise entre 1,8 à 4,2 mètres. Si la fertilisation est correctement menée, un rendement de 22 t/ha/an de matière sèche peut être atteint. Des rendements de 75 t/ha/an de matières brutes ont déjà été rencontrés.

Utilisation en alimentation animale ou en méthanisation

Pour utiliser la silphie en alimentation animale, il est recommandé de la couper trois à quatre fois par an quand elle atteint une hauteur comprise entre 80 et 100 cm. C’est de cette manière que sa valeur alimentaire est la plus intéressante (mais cela occasionne une perte de rendement d’environ deux tonnes de matière sèche par hectare et par an). Dans la pratique, Amédée Perrein de Silphie France conseille de couper la plante avec une faucheuse conditionneuse et ensuite de laisser sécher la culture en andains. Ceux-ci pourront alors être repris par une ensileuse avec un pick-up ou une presse-enrubanneuse avec couteaux. Elle sera finalement ajoutée dans les rations des bovins. Cette plante est très riche en protéines (20 % de protéines). Elle contient deux fois plus de protéines que le maïs pour une teneur équivalente en énergie. Il est recommandé d’incorporer au maximum 40 % de silphie dans les rations pour éviter les risques d’acidose. Effectuer des analyses de fourrages et demander conseil à un nutritionniste animal est également fortement conseillé.

Pour ce qui est de son utilisation en méthanisation, la coupe ne s’effectue qu’une seule fois par an en fin de cycle (autour du 15 septembre) quand la matière sèche est comprise entre 27 et 31 %. On utilise alors une ensileuse avec une coupe directe ou avec un bec de type Kemper. Le stockage s’effectue en silo. La valeur méthanogène est proche de celle du maïs. En moyenne, celle-ci tourne autour des 80 à 130 Nm³ de CH4/tMB (normo mètres cubes de méthane pour une tonne de matière brute).

La silphie a de nombreux avantages agronomiques, écologiques et économiques

En résumé, cette plante a de nombreux avantages : 

  • Elle est très mellifère et attire les pollinisateurs. Sa floraison s’étend de mi-juin à mi-septembre. Elle est intéressante pour les apiculteurs ;
  • Elle permet de limiter les risques d’érosion ;
  • Son chevelu racinaire est assez fin et il ne bouche pas les drains. Les racines poussent en permanence et vont pourrir dans les drains sans les obstruer ;
  • Elle a tendance à améliorer naturellement la structure du sol grâce à ces racines ;
  • Elle apporte 6 à 8 T d’humus/ha/an grâce à la régénération de ses racines. La réduction des apports dans le temps est donc possible et la silphie pourrait même être autosuffisante après 8 années de mise en place ; 
  • Elle peut aussi être utilisée en zone inondable car elle résiste à une immersion de 2,5 mois sans aucun problème. Amédée Perrein a même déjà vu une parcelle qui est restée plus de six mois sous un mètre d’eau et où la silphie a pu redémarrer ; 
  • Elle peut notamment être cultivée dans des zones ne pouvant pas être traitées par des moyens phytosanitaires. Cela est par exemple le cas des zones tampons situées le long des cours d’eau ;
  • Cette culture est aussi idéale pour les parcelles éloignées de la ferme car peu d’interventions sont nécessaires ;
  • Si la culture reste plus de 8 années en place, elle est très économique. L’implantation coûte 1.500 à 2.000 €/ha selon le nombre d’hectares semés (prix dégressif selon la quantité achetée), ce qui représente malgré tout un investissement. Néanmoins, il est possible d’amortir ce coût sur plusieurs années et des emprunts bancaires sont aussi possibles. 

L’expérience de Alain Delvaux

Alain Delvaux de Sart-Saint-Laurent a découvert cette plante sur internet. Après avoir pris différents contacts, il a été découvrir des parcelles de silphie en France où il y avait déjà de nombreux hectares implantés.

Découvrez la suite de l’expérience de cet agriculteur avec cette nouvelle plante dans le magazine Terre Fermière n°1 d’octobre 2024 au sein de la nouvelle rubrique “Ma singularité, ma fierté”.

Texte et illustrations : Antoine Van Houtte

Source : Silphie Belgique

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